victime d'attouchement d'un prêtre

bonjour,
après presque 48 ans de silence, je me décide à porter cette affaire à la justice...
J'ai été victime d'attouchement pendant les séance de cathé, j'avais environ 10 ans , juste avant la grande communion.
Il y a 2 ans, Ma petite fille a été victime de viol par le compagnon de sa mère, et c'est là que tout est remonté à la surface.même si les faits en ce qui me concernent ne sont pas aussi graves que pour ma petite fille, j'ai eu besoin de comprendre ce qui se passait pour nous ...
J'ai vue une thérapeute qui m'a conseillé de mener l'affaire en justice...
Il y a qq années, j'avais écrit au prêtre, il a tout nié, puis au diocèse de valence, ils souhaitaient me rencontrer, mais à cette époque j' 'n ai pas eu la force.
Aujourd'hui, j'ai écrit au procureur de Valence, pour déposer plainte contre ce prêtre...J pensais qu'il mettrait ma lettre aux oubliettes, mais j'ai été reçue par la gendarmerie de mon lieu de vie pour y faire une déposition...
Le doute est là, cela est- il vraiment grave? alors qu'il n'y a pas eu de viol mais juste des caresses?
que de doutes, de questions et pourtant la machine est en route et je ne peux plus l'arrêter...

dans le fond, j'ai besoin de justice...
merci à ce forum d'exister

Bonjour Sylvie,

Tout d'abord, je voudrais vous dire bravo pour votre démarche, qui n'a sans doute pas été facile.

Ensuite, vous vous posez la question de la gravité de ce que vous avez subi, en regard de ce qu'a subi votre petite fille.
Bien sûr, on peut toujours dire qu'il y a toujours pire que ce qu'on a vécu soi-même... Mais je crois ce n'est pas une bonne manière de voir les choses : que vous vous le disiez vous-même ou que d'autres vous le disent, cela ferme le dialogue, clôt la réflexion, et ce n'est pas réparateur.

Ce qui est aussi important, c'est votre ressenti, même 48 ans après... Vous avez manifestement souffert des "caresses" que l'on vous a infligées, sinon, tout ceci ne serait pas remonté comme ça, et vous n'auriez pas eu besoin de l'extérioriser en en parlant. Une brève caresse sur les cheveux d'une petite tête blonde, ce n'est pas la même chose qu'une caresse sur des zones plus inhabituelles. Mais la petite fille de 10 ans n'est pas armée pour détecter clairement le problème, surtout quand le geste vient d'une personne ayant autorité, et même autorité "divine" ! Et même si l'adulte qu'elle est devenue a réussi à mener une vie "normale", insidieusement, cela a peut-être bien modifié son rapport aux adultes / aux hommes, la confiance qu'elle pouvait leur accorder ou non, la confiance en elle-même aussi, et tant d'autres choses que des victimes de pédocriminels ont vécues. Plus ou moins fort selon la personnalité de chacun(e) et son vécu familial, mais quand même... Tout ceci est à prendre en considération sérieusement.

La gravité d'une infraction - et des attouchements en sont une, qui plus est sur mineurs ! - se mesure certes à l'aune des catégorisations judiciaires (et encore, le système n'est pas parfait), mais la gravité de tels actes se mesure aussi avec le ressenti de la victime et les conséquences que ces abus ont eu sur elle. Il ne faut pas minimiser cet aspect, cela mérite écoute et respect. D'ailleurs, je suis heureuse que vous ayez vu une thérapeute à ce sujet, et aussi que vous ayez été reçue par la gendarmerie après votre plainte au Procureur (j'espère que l'officier de police qui vous a reçue a été délicat.e) : votre parole est importante et a été officiellement entendue. Vous avez fait ce qu'il fallait pour dénoncer ce que vous avez subi.

Soyez assurée aussi de l'utilité de votre démarche, et pour vous, et pour les autres, à commencer par votre famille : vous envoyez un signal fort que vous êtes décidée à dénoncer les abus, à contribuer à votre niveau à ce qu'ils cessent, et faire en sorte que la culpabilité et la honte changent de camp. Belle marque de solidarité vis à vis de votre fille et de votre petite fille... Et pour la société entière, il est temps que les victimes se manifestent en nombre afin qu'une prise de conscience efficace se fasse sur les ravages des abus sexuels, et les mesures à prendre pour les combattre.

Prenez soin de vous !
Zum

Bonjour Sylvie,

Je ne rajouterai rien à ce qu'a très bien dit Zum, tout ce que tu écris me fait écho Zum, merci à toi pour ces paroles très justes.

Les violences sexuelles ne se hiérarchisent pas, et par conséquent il ne faut rien minimiser. Vous trouverez sur des discussions que nous avons eues sur le forum avant l'été si j'ai bonne mémoire beaucoup d'échanges sur cette thématique.

Bravo à vous pour votre démarche, bravo pour vos enfants, petits enfants...

Je suis de tout cœur avec vous

Nadia

Bonjour Sylvie

En effet j'adhère complètement au message de Zum, et vous encourage de tout coeur pour votre démarche actuelle.

Je rajouterai qu'au delà de la nature des gestes pédophiles, le plus grand crime pour moi est la manipulation: manipulation de la confiance, de la crédulité d'un enfant. Trahison des parents qui laissent leur enfant en toute confiance avec un "homme de Dieu". Peu importent les gestes, la plus grande agression pour moi c'est la manipulation.

Je vous encourage vivement, si vous en avez l'énergie, à apporter votre témoignage à la CIASE (commission laïc réclamée par l'église sur les abus sexuels en son sein), pour qu'enfin tout la société prenne l'ampleur de l'épidémie, et adopte de vraies solutions. Ils font preuve de beaucoup de finesse, n'hésitez pas )

Bien à vous

Jean-Luc

Merci à vous, pour votre réponse, pour le temps que vous avez pris à m'écrire, gratitude pour le soutien que je ressens dans vos paroles, les larmes coulent, je me sens écoutées, comprises...Le gendarme qui a pris ma déposition a essayé au début de minimiser les actes, puis au fur é a mesure que je parlais, il a commencé à mesurer l'étendue des dégâts...donc j'ai fini par me sentir entendue...
Car comme vous le dites si bien, c'est au ressenti qu'il faut faire confiance....les paniques dans certaines situations, le dégoût dans d'autres, la peur..etc....tant d'émotions qui nous indiquent la blessure, le trauma....

J'ai effectivement déposé mon témoignage auprès de la CIASE...cela a été le début d'ailleurs de mes démarches, c'est un organisme qui peut vraiment aussi nous guider dans nos démarches, ce sont eux qui m'on conseillée de prendre rendez vous avec une asso d'aide aux victimes, qui eux m'ont conseillé de porter plainte auprès du procureur....

Merci encore à vous, je ne manquerai pas de vous informer de la suite!
Soyons solidaires, unis dans cette même quête de réparation, de justice...

c'est une belle journée pour moi!!!

bien à vous

Je suis heureuse que nos messages vous aient réconfortée, Sylvie !
Oui, tenez-nous au courant, et tenez bon dans vos démarches.
Comme le dit Nadia, nous sommes avec vous de tout coeur...
Zum

Bonjour Sylvie

Votre témoignage est très touchant
Ce prêtre agresseur n'était pas le Père Finet proche de Marthe Robin ?
Il a déjà été mis en cause par une victime et le diocèse de Valence en est informé
Bon courage Cordialement Jacques

Merci Pascal pour votre message, oui, je suis en bonne voie de guérison, et je me sens soutenue aujourd'hui, par vous tous, par mes proches, par la vie qui fait mieux que moi....
que la lumière jaillisse dans nos vies et que la joie l'emporte sur l'obscurité du passé!

Heureuse de vous savoir plus sereine, Sylvie !
Plein de belle choses à vous !

merciiiii

Bonjour Sylvie,

Je suis nouveau ici.
L'admin du Forum n'a pas encore lu mon message envoyé en privé mais je peux tout de même discuter et échanger.
Je ne parlerai pas de mon cas ici, j'attends d'échanger avec lui, mais sachez (je pense que c'est important pour ceux qui liront ma réponse) que je suis une victime collatérale de la pédophilie, uniquement, pourrait-on dire...
Je ne peux que vous encourager à Libérer Votre Parole cela sera bénéfique pour vous et toutes les victimes mais dans votre cas il y a malheureusement prescription et je suis étonné que personne ne vous l'ai dit (justice, assos et ici). Quand je dis prescription c'est pour intenter une action en justice bien sur...

Pour rappel lien qui peut être utile:
"censuré par l'admin car nouveau" Je le ferai donc plus tard...

Enfin, je voudrais remercier cette association d'exister car pour être honnête cela fait presque une semaine que je cherche quelque chose qui pourrait m'aider moi et libérer ma parole et je n'avais rien trouvé jusqu'à maintenant. Un psychologue m'a dit que j'étais juste victime d'un stresse post-traumatique... Et encore ce stresse n'est pas "référencé" dans son "grand livre des traumatismes"  

Alors même si ce site est plus tourné vers les victimes de pédophiles de l'église (oui je ne met jamais de majuscule à ce mot) et surtout pour les victimes les VRAIS, c'est le seul endroit sur la toile pour lequel j'ai montré un réel intérêt.

Donc Merci

Bien à vous Sylvie et surtout comme vous dites "Soyez Sereine"

Bonjour Steph 16

Tu es au bon endroit pour libérer ta parole.
J'ai eu l'occasion de rencontrer la femme d'une victime de mon agresseur. Elle se définit bien comme une victime collatérale.
Par ailleurs, certains dans ce forum ont déjà évoqué le cas des victimes collatérales. Finalement ces victimes ont très peu la parole, elles ont pourtant plein de choses à dire.

A bientôt
PS: peu importe que les agresseurs soient en soutane ou pas, ça reste des criminels

bonjour Stéphane...oui, ton témoignage me touche car effectivement, le père de mes enfants a aussi bcp souffert de mon trauma, même si j'ai réussi à mener une vie casi normale!
Quant à la prescription, bien sûr que je l'ai sû, mais j'ai voulu quand même porter plainte...Je me répète peut-être, mais pour moi, c'était important de demander justice , et le procureur a tout de même voulu que je sois entendue à la gendarmerie...car il y a eu probablement des faits plu récents...
Donc, oui, le plus important pour moi est de libérer la parole, sortir de son silence..je l'avais fait en thérapie, mais là j'ai osé le faire , en déposant plainte!!!! et les vicitmes collatérales, faites vous aussi entendre, c'est important, ça a tellement d'effets secondaires mais qui sont aussi à prendre en compte....que justice soit rendue à tous...bonne soirée...

Merci beaucoup à tous les deux et excusez moi Sylvie de vous avoir fait répéter ...
je verrais avec l'admin si je poste mon histoire "Libérer ma parole"
Bonne soirée

pas de soucis!!!

Bonsoir Sylvie,
Je reviens sur la question de la prescription. Certes votre agression a eu lieu il y a bien longtemps. Mais, comme me l'expliquait un avocat avec lequel je discutais récemment de cela, cette question de la prescription est plus compliquée qu'il n'y paraît. Elle ne se résume pas automatiquement à un délai donné (10 ans, 20 ans etc). Il y a même des cas, certes très rares, où la prescription peut être annulée.
Le procureur et son équipe examinent donc chaque cas en particulier et déterminent si la prescription est avérée ou pas. Que vous ayez été convoquée pour être auditionnée par la police indique que le procureur souhaite vérifier et examiner le signalement que vous lui avez adressé, sur la base d'un procès verbal rédigé officiellement devant un agent assermenté pour cela. Et je pense que, par les temps qui courent, la plupart des procureurs ne souhaite pas laisser passer quoi que ce soit sur les questions d'abus sexuels.
Pour info, sachez cependant que les officiers ou agents de police qui reçoivent les plaintes n'ont pas leur mot à dire sur ces questions de prescription, car ils n'ont pas de compétences juridiques suffisamment pointues pour le faire. C'est au procureur seul d'en décider (décision qui peut d'ailleurs être contestée, mais c'est une autre histoire).
Si la prescription est effectivement confirmée, votre dépôt de plainte n'est pas inutile pour autant, car vous pourriez être appelée à témoigner lors d'une autre action judiciaire qui concernerait le même agresseur. Un des rôles du procureur est de constituer un dossier rassemblant tous les dépôts de plainte à l'encontre d'un même agresseur. S'il existe une ou d'autres victimes ayant porté plainte, et que l'agression les concernant peut déboucher sur une action en justice, alors vous pourriez être convoquée pour témoigner.
Dans tous les cas, le dépôt de plainte est une action qui fait beaucoup de bien aux victimes, car enfin leur souffrance est, d'une certaine manière, officiellement entendue par des représentants de l'ordre social.

Prenez soin de vous !
Bien sincèrement,
Zum

merci à vous pour toutes ces précisions....je ne peux que vous confirmer que depuis mon dépôt de plainte, quelque chose en moi s'apaise....
oui, je prends soin de moi, et aussi de l'enfant à l'intérieur de moi à qui enfin je veux rends justice...c'est exacrement ce que j'aurais fait pour ma propre fille si ça lui été arrivé....
belle soirée