Mes camarades, le pédophile et le prêtre, témoignage.

En 1970, je suis interne dans un établissement privé catholique dirigé par des prêtres, une bonne moitié des enseignants étant des prêtres, les autres des laïcs, essentiellement des hommes. Tous les élèves, de la sixième à la terminale, sont des garçons, en majorité internes. Mis à part les camarades habitant dans les alentours, nous ne rentrons dans nos familles, à cette époque, que pour les vacances (Toussaint, Noël, Février, Pâques). Les prêtres enseignants ainsi que le personnel de surveillance habitent sur place, eux dans des chambres ou studios, nous en dortoirs, d’une soixantaine de places pour les « petits », d’une dizaine pour les « moyens », et dans des chambres de 2, 3 ou 4 pour les « grands », les lycéens.
Alors que j’étais en sixième, venant de ma campagne, je découvrais des choses, forcément, sans toujours avoir la capacité de juger. Un surveillant, laïc, célibataire, s’occupait bien de nous, nous tenait compagnie le week-end, et je me rappelle de promenades en sa compagnie. Il nous mettait le bras autour du cou, il discutait avec nous, il était très gentil.
Un jour certains camarades, dans les discussions de cour de récréation, ont dit qu’il les avait invités dans sa chambre, les avait pris sur les genoux, les avait embrassés…
Nous avions tous parmi les prêtres un « père spirituel », auquel nous pouvions nous confier, auprès duquel nous pouvions trouver aide et réconfort.
Un de mes camarades, qui avait été dans la chambre du surveillant, et auquel il avait imposé une masturbation, s’est confié à son père spirituel (appelons-le Père Joseph), qui a mené son enquête, qui a alerté la direction de l’établissement.
Le surveillant a été entendu par le directeur. A-t-il reconnu les faits ? Je ne le sais pas. On nous a annoncé son départ immédiat, ce qui a délié les langues de nombre de mes camarades, et je me rappelle de ce moment, où, sous la fenêtre du surveillant, dont les volets étaient clos, nous nous sommes rassemblés, plus d’une centaine, à crier : « salaud !, espèce de porc !, etc… ».
Nous ne l’avons jamais revu ; on nous a dit qu’il était parti pour un autre établissement.
Etait-ce vrai, je ne le sais pas davantage, mais il est vrai qu’à cette époque, plutôt que de solutionner le problème, on le déplaçait.
Je suis resté dans cet établissement de la sixième à la terminale, soit pendant sept ans, et le Père Joseph, que j’ai côtoyé durant toutes ses années, fut pour nombre d’élèves de cet établissement, un ami, un frère, voire un père, un exemple de ce que devrait être un homme d’église.

http://jetsdencre.blogs.nouvelobs.com/archive/2016/03/17/mes-camarades-le-pedophile-et-le-pretre-temoignage-581068.html

Cher Delavoge,

J'espère qu'il n'existe aucune confusion pour vous entre le sens de notre action et le fait de considérer que tous les hommes d'Eglise sont des pédophiles en puissance...
Nous savons que cette déviance existe dans toutes les strates de la société.
Les faits que vous relatez sont particulièrement éclairants sur le fait que la même "fausse bonne idée" du déplacement a pu être mise en oeuvre dans d'autres cas.
Mais quel que soit l'auteur de tels actes soyez sûr que La Parole Libérée défend la tolérance zéro.
Sa qualité (prêtre, enseignant, éducateur, parent...) ne change rien à l'affaire...