pas de prescription

Ce message pour dire et crier qu'il ne doit pas y avoir de prescription pour les actes de pédophilie et d'agressions sexuelles de manière générale !
J'ai 54 ans. Mariée depuis 30 ans, 5 enfants. Il y a 20 ans, j'ai décidé d'entreprendre une psycho-thérapie parce que ayant tout pour être heureuse - un mari aimant et aimé, 5 enfants en bonne santé et sans soucis d'éducation, pas de menace sur le plan professionnel, de belles amitiés, etc... - je ne l'étais pas. Habitée par un mal être indicible depuis l'enfance, j'allais mal et je ne savais pas pourquoi. J'ai fait un beau et long chemin et je n'ai pas fini... Il y a quatre ans seulement, grâce à l'écoute et au professionnalisme de plusieurs thérapeutes, j'ai découvert que j'avais été victime d'agressions sexuelles dans l'enfance... C'était donc cela la cause de mon mal être ! Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, je ne me souviens pas d'avoir été bien, d'avoir été heureuse et je n'avais pas de mot - seulement des maux ! - pour le dire. J'ai informé ma mère de cela il y a 3 ans, elle n'a pas démenti mais s'est enfermée dans un premier temps dans le déni. Après un nouvel échange, il y a quelques semaines, elle est allée d'elle même voir un psychiatre, ce qui lui permet d'accepter les faits aussi douloureux soient-ils. Je suis donc passée du statut de coupable (car notre relation a été très altérée par cette histoire) à celui de victimes et comme ça fait du bien ! Après des recherches dans l'histoire familiale, j'ai pu déterminer que les faits avaient eu lieu alors que j'étais une toute petite fille, je n'avais que 18 mois... Cela n'était donc pas accessible à ma mémoire, je n'avais aucun mot pour le dire, seulement un mal être permanent, des somatisations parfois invalidantes m'emmenant de médecin en médecin, des troubles dans ma sexualité (une chose est de faire des enfants, une autre de s'épanouir dans sa sexualité).
Pour moi, le chemin n'est pas fini, il ne fait que commencer puisqu'il m'a fallu plus de 50 ans pour savoir d'où venait tout ce mal être. Je connais mes agresseurs, deux grands adolescents amis de la famille qui ont "joué" à la poupée avec la si petite fille que j'étais. Leurs cousines (presque du même âge que moi) ont porté plainte contre eux pour agressions sexuelles il y a quelques années. Moi, je ne le ferai pas d'une part parce que les faits sont prescrits et d'autre part parce qu'ils sont inaccessibles à ma mémoire puisque situés dans la période d'amnésie infantile. Seule la parole pourra me libérer de la grande solitude qui m'habite depuis l'enfance, de mes peurs, de mon manque de confiance en moi, de mes douleurs diverses.
Non, de tels actes ne doivent pas être prescrits car ils détruisent les personnes pour leur vie entière !!!